La rupture est un mot brutal
Alain Rey, conseiller éditorial des éditions Le Robert, a décortiqué pendant 13 ans, pour la matinale de France Inter, un mot de son choix. Aujourd'hui, il pose son regard de linguiste sur quelques mots de la campagne tels que… rupture…
Rupture : c'était dans le discours de Nicolas Sarkozy. Ça ne l'est plus car il a proclamé "j'ai changé", récemment. Il a fait une rupture avec la rupture. Il est vrai que rupture avait quelque chose d'un peu dangereux et dynamique : "la politique du passé n'est pas bonne, je vais la casser en deux et la remplacer". Mais la rupture est un mot brutal. (…) C'est très difficile à employer comme argument dans un débat politique. Beaucoup de gens veulent que ça change, mais en réalité, ils veulent que certaines choses changent et d'autres pas. La rupture ne dit pas ce qu'on va conserver. C'est un discours dynamique pour ceux qui veulent tout péter, et dangereux pour ceux qui veulent qu'il y ait une continuité.