Le double effet Kiss Cool de la rupture
Depuis que les militants socialistes ont désigné, dès le premier tour de leur consultation interne, Ségolène Royal pour les représenter à l’élection présidentielle de 2007, on note une certaine fébrilité au sein l’entourage du Président de l’UMP. Ainsi, de Patrick Devedjian à Dominique Paillé, les commentaires qui ont suivi la mise en orbite de Ségolène ont du mal à masquer une inquiétude naissante. Serait-ce la crédibilité et les compétences de la candidate socialiste qui effraieraient désormais les affidés de Nicolas Sarkozy ? Non, il y a peu de chances puisque entre le manque de stature présidentielle de l’une et l’arrogance habituellement développée par les autres, une telle hypothèse peut d’ores et déjà être écartée. C’est plutôt l’ampleur de l’effet Ségolène qui inquiète aujourd’hui l’UMP et fait réfléchir les lieutenants du Ministre de l’Intérieur. En effet, à force de prôner la rupture au point d’en faire un leitmotiv de campagne, Nicolas Sarkozy vient de se faire doubler par celle qui, sur ce thème, offre des atouts plus convaincants aux yeux des français :
c’est la première femme mise en situation d’accéder à la fonction suprême,
ses prises de positions sont iconoclastes au sein de son propre parti et elle n’hésite pas à bousculer les éléphants pendant qu’à l’UMP on procède au verrouillage des voix discordantes,
elle n’a pas à justifier (comme certains…) la position inconfortable de ceux qui ne cessent de devoir jongler, plus ou moins habilement, entre leur participation au Gouvernement (mais que voulez- vous, il paraît que Cécilia adore les appartements de la place Bauveau) et la thématique de rupture qu’il mettent en avant dans tous leurs discours.
Ainsi, en s’enfermant délibérément dans la thématique de la rupture, Nicolas Sarkozy s’est tiré une balle dans chaque pied : une dans le pied droit en prenant à rebrousse-poils les chiraquiens qu’il n’a cessé d’humilier depuis 2002, une seconde dans le pied gauche en offrant à la candidate du PS le socle du piédestal sur lequel l’ont désormais installée les études d’opinion.