Comme un petit caillou dans la chaussure de Nicolas Sarkozy...
En l’espace de dix jours, depuis le Conseil National du 16 novembre dernier, c’est une véritable tension qui s’est installée au sein de l’UMP pour la désignation du candidat qui mettra la main sur le magot du parti majoritaire afin de financer la campagne électorale de 2007. Pendant ce temps, Ségolène Royal était mise sur orbite élyséenne par les militants socialistes, rejoints, ce week-end, par le Parti Radical de Gauche qui vient de confirmer son ralliement au "Royalisme". Fort de ce constat, le Président de l’UMP a dû s’appliquer, au cours des derniers jours, à adopter la stratégie du déminage afin de pouvoir, sous couvert d’un débat démocratique imaginaire, apparaître comme le rassembleur de la droite républicaine et du centre. Ainsi, lors de son intervention dans le journal télévisé de TF1, jeudi soir dernier, il a annoncé les modalités de désignation du candidat de l’UMP : la date limite de dépôt des candidatures internes a été reportée au 31 décembre 2006 mais la date du vote des militants est restée figée au 14 janvier 2007. Il a, par ailleurs, invité tous ses compétiteurs, à déclarer leur candidature au sein du parti, invitant ainsi Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie à sortir du bois. Les deux premiers ont déjà fait savoir, pour des raisons différentes, qu’ils ne participeraient pas à la compétition interne. Quant à Michèle Alliot-Marie, les récentes confidences de son compagnon, Patrick Ollier, semblerait militer pour une candidature interne. Malheureusement, face à Nicolas Sarkozy, et compte tenu du verrouillage du parti qui continue à s’opérer à travers le recrutement massif de nouveaux adhérents ralliés à la cause du Ministre de l’Intérieur, les chances de MAM pour être désignée par les militants sont quasiment nulles. Sa démarche s’apparenterait alors plus à une volonté de peser sur le contenu du projet présidentiel et à un début de négociation de postes clés dans un potentiel futur gouvernement de droite. Hier, à Versailles, après avoir annoncé que le cap des 300.000 adhérents venait d’être franchi, Nicolas Sarkozy a promis de tenir compte de toutes les sensibilités de son parti pour mettre en œuvre "la magie du rassemblement". Mais est-ce vraiment d’un "magicien" dont l’UMP a besoin ? Pas convaincu…
Mais toutes ces agitations médiatiques n’ont pour seule vocation que de dresser un rideau de fumée devant les fractures idéologiques de plus en plus marquées qui apparaissent entre une frange croissante des militants, sympathisants ou électeurs d’un côté, et la garde rapprochée du Président de l’UMP de l’autre. Sauf qu’il reste une inconnue dans l’équation posée par Nicolas Sarkozy dont la déclaration de candidature est annoncée pour la semaine prochaine. Comme un petit caillou dans la chaussure… En effet, le Président de la République a d’ores et déjà annoncé qu’il ne ferait part des ses propres intentions concernant une éventuelle candidature élyséenne, qu’au cours du premier trimestre 2007. Quelle que soit la décision du Chef de l’Etat, un doute permanent planera donc sur la candidature de celui qui aura obtenu l’adoubement des militants entre le 14 janvier 2007 et l’annonce de la décision finale de Jacques Chirac. C’est d’ailleurs à partir de ce moment, et sous réserve que le Président de la République choisisse de ne pas se porter à nouveau candidat, que Dominique de Villepin pourra, fidèle à la vision gaulliste de l’élection présidentielle, envisager sa propre participation à la compétition… forcément en dehors du parti compte tenu du calendrier de l’UMP qui ne correspond pas avec le temps présidentiel. Bien sûr, certains pourront penser que la campagne pour l’élection présidentielle ne peut pas attendre la décision du Chef de l’Etat. A tous ceux là, rappelons l’exemple de 1988. A la fin de son premier septennat, François Mitterrand, qui était âgé de 72 ans, avait annoncé qu’il était à nouveau candidat le 22 mars, soit un mois seulement avant le premier tour de l’élection présidentielle. Et on n’avait pas vu, à l’époque, le Parti Socialiste procéder à la désignation de son candidat avant que le Président de la République n’ait affiché ses intentions. La date du 14 janvier 2007 ne sonnera donc pas le "top départ" de la course et certains risquent fort, durant cette période, de ressentir de terribles crampes, entravés dans leurs "starting blocks".